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Comprendre les enjeux de la réforme des retraites par Léonard Guillemot

20 janv. 2023

Pour comprendre les enjeux de la réforme des retraites pour le gouvernement, l’article de notre représentant au HCFiPS , Léonard Guillemot, conseiller SNADEOS, reprend les éléments présentés par le Directeur de l’OFCE  ( Observatoire Français des Conjonctures Économiques), portant sur les perspectives économiques et les choix stratégiques en réponse à la crise énergétique de la France.


Le contexte économique est marqué par deux éléments saillants.


D’abord, à la mi 2021, une sortie de crise COVID qui se traduit par la fin des confinements et la réouverture des lieux de vie publique. La reprise économique est alors soudaine, très marquée et plus soutenue que prévue. Les entreprises possèdent des marges financières importantes avec des hauts niveaux de trésorerie. Les ménages, quant à eux, bien qu'inégalement, répartie possèdent une épargne inédite et élevée.


Cependant, malgré une reprise soutenue de l’économie à +2,2% du PIB en 2022, le solde de croissance entre 2019 et 2022 reste négatif, entre -2% et -4% du PIB, par rapport à ce qu’il aurait dû être sans crise sanitaire. Le rebond de l’économie en sortie de crise n’a donc pas permis de rattraper les situations dégradées de 2020 et de 2021.


La France est donc dans une situation de récession bien que les résultats le démontrent en trompe l’œil.


Ensuite, en février 2022, la crise de la guerre en Ukraine vient fortement perturber les économies mondiales. Aucun économiste ni politologue sérieux ne l’avait anticipé. Pourtant, avec le recul, il est constaté que dès juillet 2021 la Russie honorait bien les livraisons des volumes de gaz de ses contrats mais augmentait de manière atypique et inconsidérée ses prix de gaz hors contrat.


La Russie anticipait donc une rupture des contrats de la part des Européens et fixait un prix élevé de l’énergie hors contrat distillant en avance de phase son poison de l’énergie chère, ayant pour conséquence une augmentation des prix avec pour espoir d’amorcer un boucle inflationniste prix/salaire dans la zone euro.


Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Union Européenne, et donc la France est en situation de guerre économique.


Ce qui engendre 4 conséquences :

  1. La mise en œuvre d’un aide militaire qui provoque des dépenses supplémentaires non prévues.

  2. L’installation de sanctions économiques lourdes dont le résultat est un manque à gagner pour nos économies.

  3. L’organisation d’un rationnement de l’Europe en matière d’énergie en réponse à l’arrêt des flux de gaz et de pétrole russes qui ralentit l’économie.

  4. L’amorce d’une guerre des prix sur les hydrocarbures qui, dans les premiers mois de la crise, permettait à la Russie de recueillir un milliard d’Euros par jour. L’arrêt des flux d’hydrocarbure sur l’Europe, couplé à la réduction de la demande mondiale, provoque un impact à la baisse des prix de l’énergie. La Russie ne récupère plus que 300 à 400 millions d’euros par jours.

 

La conséquence de cette guerre de l’énergie est un retour de l’inflation dans la zone Euro.


L’inflation n’est pas auto-entretenue actuellement par une boucle prix/salaire, elle trouve son origine dans l’augmentation du prix de l’énergie. Pour la France, l’augmentation du prix de l’énergie représente une perte de 3% de son PIB.


Néanmoins, pour contrer l’amorce de l’inflation entretenue par des prix élevés de l’énergie, le risque est qu’une situation d’inflation «pure» ne s’installe avec l’apparition d’une boucle auto-entretenue hausse des prix / hausse des salaires.


Dans un tel cas, la réponse de la banque centrale serait une augmentation de ses taux directeurs qui aurait pour conséquence une augmentation rapide du chômage.


Pour éviter le risque d'inflation, un consensus est né en Europe d’absorber les prix chers de l’énergie et ses conséquences par plus de dépenses publiques et donc par un creusement des déficits publics.


Actuellement, avec la déclinaison de cette politique la France a «subventionné» à la source les prix de l’énergie et a distribué des chèques de soutien aux populations les plus fragiles.


Ces mesures ont limité l’inflation 2022 à un niveau plus faible qu’en Allemagne et ont permis de gagner 7% de compétitivité par rapport à l’économie allemande. Par comparaison la mise en place du CICE n’avait permis de gagner que 2,5% de compétitivité par rapport à l’Allemagne.


Mais quel est le prix de cette politique ?


Un déficit public à 110% du PIB à 3 000 milliards d’euros. L’impossibilité à court terme de satisfaire au pacte de stabilité de l’Europe (3% PIB de déficit annuel et 60% de dettes cumulées). Pacte de stabilité qui bien que levé pendant la crise sanitaire finira bien par de nouveau être exigé. La non réévaluation des rémunérations par rapport à l’inflation provoque une baisse inédite du salaire réel ; la plus forte jamais enregistré en France depuis 1950. Le pouvoir d’achat par unité de consommation fin 2022 est inférieur à celui de fin 2019.


L’Allemagne, quant à elle, de par sa structure et ses négociations salariales centrales, compense l’inflation par une hausse généralisée des salaires.


Ainsi, la France et l’Allemagne risquent de ne pas avoir besoin de la même politique monétaire dans les prochains mois.


La France souhaitera une baisse rapide des taux directeurs pour relancer son économie dopée par une compétitivité retrouvée, alors que l’Allemagne souhaitera maîtriser le risque inflation par le maintien voire l’augmentation des taux directeurs.


Quelle politique suivra la BCE ?


Par ailleurs, quels gages la France donnera-t-elle à ses partenaires européens pour montrer sa capacité à relancer son économie et à contenir puis rembourser sa dette colossale ?


Par une réforme de son système de retraite qui, au lieu d’être déficitaire de quelques centaines de millions d’euros pourrait dégager des excédents dépassant les 15 milliards à horizon 2030 et potentiellement créer cent mille emplois.



 Léonard GUILLEMOT – SNADEOS CFTC

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